[article] « De l’acte – le serment d’Hippocrate, du sacré au social » [revue] / E. Borgnis Desbordes, Auteur . - 2024 . - p.205-210. Langues : Français in Ethique et santé > vol.21 n°3 (septembre 2024) . - p.205-210 Résumé : | Le serment d’Hippocrate est sans nul doute le serment professionnel le plus connu, serment que les jeunes médecins prononcent au seuil de leur carrière, serment qui engage compétence, responsabilité, sens du devoir, dignité dans les actes professionnels, respect de la vie privée d’autrui. Le caractère ‘sacré’ du serment - historiquement référé au ‘divin’ – a très longtemps prévalu. Mais au ‘divin’ s’est substitué des préoccupations bien plus humaines. Pour autant l’engagement devant la communauté des hommes à prêter serment et à respecter ses principes éthiques ne doit pas pour autant perdre en valeur. Il participe derrière ce qu’il énonce et ce à quoi il engage, un pacte symbolique qui, comme tout contrat, régule le rapport des êtres entre eux selon des principes éthiques forts. Plus encore, comme toute « formation humaine », il réfrène les excès, les pulsions, les jouissances. Si de nombreuses critiques estiment que le serment d’Hippocrate est obsolète et ne reflète pas suffisamment les enjeux contemporains de la pratique médicale, il est important de rappeler sa valeur de régulation symbolique du rapport social qui d’une altérité constituante, tire sa cause. Il serait sans nul doute déplorable que les nouveaux enjeux contemporains poussent à la dilution des principes éthiques d’un serment prêté et que par là même, soit occultée cette dimension symbolique de l’acte lui-même qui élève celui qui s’y engage à toujours plus grande dignité. A l’heure du délitement du lien social et de la dérégulation des jouissances, les médecins sont de plus en plus sollicités à accueillir la précarité symbolique. L’engagement dans ces longues études et dans leur profession les pousse à œuvrer non pas simplement à l’allégement des souffrances mais à miser, auprès de chaque patient, pour que cette altérité constituante - toujours pour une part référée au corps – soit prise en compte et trouve renouvellement incessant. Prêter serment, c’est parier sur l’humanité. |
[article] in Ethique et santé > vol.21 n°3 (septembre 2024) . - p.205-210 Titre : | « De l’acte – le serment d’Hippocrate, du sacré au social » | Type de document : | revue | Auteurs : | E. Borgnis Desbordes, Auteur | Année de publication : | 2024 | Article en page(s) : | p.205-210 | Langues : | Français | Résumé : | Le serment d’Hippocrate est sans nul doute le serment professionnel le plus connu, serment que les jeunes médecins prononcent au seuil de leur carrière, serment qui engage compétence, responsabilité, sens du devoir, dignité dans les actes professionnels, respect de la vie privée d’autrui. Le caractère ‘sacré’ du serment - historiquement référé au ‘divin’ – a très longtemps prévalu. Mais au ‘divin’ s’est substitué des préoccupations bien plus humaines. Pour autant l’engagement devant la communauté des hommes à prêter serment et à respecter ses principes éthiques ne doit pas pour autant perdre en valeur. Il participe derrière ce qu’il énonce et ce à quoi il engage, un pacte symbolique qui, comme tout contrat, régule le rapport des êtres entre eux selon des principes éthiques forts. Plus encore, comme toute « formation humaine », il réfrène les excès, les pulsions, les jouissances. Si de nombreuses critiques estiment que le serment d’Hippocrate est obsolète et ne reflète pas suffisamment les enjeux contemporains de la pratique médicale, il est important de rappeler sa valeur de régulation symbolique du rapport social qui d’une altérité constituante, tire sa cause. Il serait sans nul doute déplorable que les nouveaux enjeux contemporains poussent à la dilution des principes éthiques d’un serment prêté et que par là même, soit occultée cette dimension symbolique de l’acte lui-même qui élève celui qui s’y engage à toujours plus grande dignité. A l’heure du délitement du lien social et de la dérégulation des jouissances, les médecins sont de plus en plus sollicités à accueillir la précarité symbolique. L’engagement dans ces longues études et dans leur profession les pousse à œuvrer non pas simplement à l’allégement des souffrances mais à miser, auprès de chaque patient, pour que cette altérité constituante - toujours pour une part référée au corps – soit prise en compte et trouve renouvellement incessant. Prêter serment, c’est parier sur l’humanité. |
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