[article] Drogue et sexualité gay sous influence : « Quand on prend ça, c’est fait pour » [revue] / L. Gaissad, Auteur ; A. Velter, Auteur . - 2019 . - p.128-134. Langues : Français in Sexologies > vol.28 n°3 (juillet septembre 2019) . - p.128-134 Mots-clés : | comportement sexuel à risque drogue homme homosexualité plaisir santé sexuelle VIH virus d'immunodéficience humaine
| Résumé : | Les grandes enquêtes sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en France, initiées par Michael Pollak et Marie-Ange Schiltz il y a trente ans dans la presse gay, ont introduit la consommation de drogues à partir de 1997, au lendemain de la mise sur le marché des combinaisons hautement actives de médicaments antirétroviraux (ARV), efficaces contre le VIH, et qui ont entraîné la chronicisation du sida. Si le chercheur australien Kane Race identifie ce moment comme le début d’une lifetime of drugs, l’intérêt des enquêtes pour l’usage de substances psychoactives chez les gays deviendra plus courant à la décennie suivante, lorsqu’on découvre que les ARV maintiennent la charge virale à un seuil indétectable chez les sujets séropositifs qui, dans ces conditions, ne transmettent plus le virus. Au tournant des années 2010, la consommation de drogues devient une thématique prépondérante dans les enquêtes sur la sexualité gay et plus particulièrement leur usage en contexte sexuel désigné par le terme de chemsex (pour chemical sex). Le profil des hommes s’adonnant à cette pratique se caractérise par une sexualité intense avec un très grand nombre de partenaires sexuels dans les derniers 12 mois, une fréquentation régulière de plusieurs lieux de rencontres sexuels, des pratiques sexuelles spécifiques, l’abandon du préservatif pour les pénétrations anales, et par l’implication majoritaire d’HSH séropositifs au VIH, mais aussi d’HSH négatifs sous PrEP. À ce jour, les nombreuses recherches et publications n’appréhendent la pratique du chemsex que sous le prisme des risques associés en termes d’addiction et de compulsivité. Nous nous proposons ici de montrer comment l’émergence d’une littérature scientifique sur le chemsex contribue aujourd’hui à masquer les comportements strictement sexuels associés. Pour ce faire, nous nous appuierons sur deux types de matériaux complémentaires. D’une part, plusieurs enquêtes quantitatives sur les comportements sexuels et préventifs du VIH auprès des gays et autres HSH (Prevagay 2015, enquête rapport au sexe 2017). D’autre part, les premiers résultats de l’enquête Attentes et PArcours liés au CHEmSex (APACHES), menée à partir d’entretiens biographiques pour le compte de l’OFDT en 2018, et centrée sur les scripts sexuels, en même temps que sur la place du plaisir et des modes contemporains de socialisation dans cette subculture. |
[article] in Sexologies > vol.28 n°3 (juillet septembre 2019) . - p.128-134 Titre : | Drogue et sexualité gay sous influence : « Quand on prend ça, c’est fait pour » | Type de document : | revue | Auteurs : | L. Gaissad, Auteur ; A. Velter, Auteur | Année de publication : | 2019 | Article en page(s) : | p.128-134 | Langues : | Français | Mots-clés : | comportement sexuel à risque drogue homme homosexualité plaisir santé sexuelle VIH virus d'immunodéficience humaine
| Résumé : | Les grandes enquêtes sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en France, initiées par Michael Pollak et Marie-Ange Schiltz il y a trente ans dans la presse gay, ont introduit la consommation de drogues à partir de 1997, au lendemain de la mise sur le marché des combinaisons hautement actives de médicaments antirétroviraux (ARV), efficaces contre le VIH, et qui ont entraîné la chronicisation du sida. Si le chercheur australien Kane Race identifie ce moment comme le début d’une lifetime of drugs, l’intérêt des enquêtes pour l’usage de substances psychoactives chez les gays deviendra plus courant à la décennie suivante, lorsqu’on découvre que les ARV maintiennent la charge virale à un seuil indétectable chez les sujets séropositifs qui, dans ces conditions, ne transmettent plus le virus. Au tournant des années 2010, la consommation de drogues devient une thématique prépondérante dans les enquêtes sur la sexualité gay et plus particulièrement leur usage en contexte sexuel désigné par le terme de chemsex (pour chemical sex). Le profil des hommes s’adonnant à cette pratique se caractérise par une sexualité intense avec un très grand nombre de partenaires sexuels dans les derniers 12 mois, une fréquentation régulière de plusieurs lieux de rencontres sexuels, des pratiques sexuelles spécifiques, l’abandon du préservatif pour les pénétrations anales, et par l’implication majoritaire d’HSH séropositifs au VIH, mais aussi d’HSH négatifs sous PrEP. À ce jour, les nombreuses recherches et publications n’appréhendent la pratique du chemsex que sous le prisme des risques associés en termes d’addiction et de compulsivité. Nous nous proposons ici de montrer comment l’émergence d’une littérature scientifique sur le chemsex contribue aujourd’hui à masquer les comportements strictement sexuels associés. Pour ce faire, nous nous appuierons sur deux types de matériaux complémentaires. D’une part, plusieurs enquêtes quantitatives sur les comportements sexuels et préventifs du VIH auprès des gays et autres HSH (Prevagay 2015, enquête rapport au sexe 2017). D’autre part, les premiers résultats de l’enquête Attentes et PArcours liés au CHEmSex (APACHES), menée à partir d’entretiens biographiques pour le compte de l’OFDT en 2018, et centrée sur les scripts sexuels, en même temps que sur la place du plaisir et des modes contemporains de socialisation dans cette subculture. |
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