[article] [Dossier] Les métamorphoses de la société française [revue] . - 2016. Langues : Français in Sciences humaines grands dossiers > n°44 (septembre novembre 2016) Mots-clés : | démographie évolution société
| Résumé : | Le changement social est rarement spectaculaire. Il opère plus souvent par de légers déplacements, au quotidien, imperceptibles. Et ces microévolutions finissent par modifier notre société. La croissance démographique illustre par excellence ce fait : avec près de 10 millions de Français de plus depuis les années 1980, la population s’établit aujourd’hui à 66 millions d’habitants, indique l’Insee. En grignotant chaque année quelques centaines de milliers de personnes supplémentaires, surtout grâce à une natalité soutenue, le pays pèse démographiquement. Il fait même des envieux parmi nos voisins européens comme les Allemands qui ne bénéficient pas d’un tel dynamisme. L’espérance de vie augmente, bien que de manière moins rapide ces dernières années.
Les changements ne s’arrêtent pas à la démographie. Prenons le cas des institutions. Certaines sont confrontées à des défis inédits : l’université, l’un des derniers piliers du système éducatif touché par la massification, doit accueillir aujourd’hui une population qui a doublé par rapport aux années 1980 ; la justice doit traiter davantage de cas, mais en préservant le temps du débat pour estimer au plus juste la culpabilité des accusés.
Ces évolutions n’occultent pas la persistance de tendances de fond. Malgré des secteurs porteurs, l’économie est restée plombée par la dette publique, mais aussi par des lacunes sur le plan humain (maintien du chômage, difficultés d’insertion professionnelle des jeunes actifs, interruption des trajectoires professionnelles, reconversions). L’ascension sociale reste peu fréquente et limitée aux proches sphères ; les groupes sociaux qui constituent les élites cultivent l’entre-soi, tandis que d’autres comme les classes moyennes et populaires connaissent l’instabilité professionnelle et la marginalisation résidentielle dans les espaces périurbains.
Face à la précarité, le soutien de la famille, qu’il soit moral, matériel ou sous forme de services, reste plus que jamais nécessaire et aussi effectif ! Pourtant, les liens sociaux s’affaiblissent (entre collègues, entre citoyens, entre générations, entre amis). Les Français n’ont pas toujours le sentiment que leurs difficultés quotidiennes sont reconnues, tant par les médias que par les élites politiques ou même par leur employeur et par leurs proches.
Bref, la société française d’aujourd’hui affiche un bilan en demi-teinte, entre réels atouts et lacunes sociales non négligeables ; entre permanence des tendances structurelles et changements plus superficiels. Elle est à la croisée de différents chemins qu’exposent les articles rassemblés dans ce numéro : plusieurs itinéraires sont possibles. Il revient aux responsables politiques, mais aussi à chacun de nous d’en élire ou d’en barrer. À n’en pas douter, fédérer les Français autour d’un projet collectif sera l’un des enjeux majeurs que le pays devra relever rapidement s’il entend préserver son unité. |
[article] in Sciences humaines grands dossiers > n°44 (septembre novembre 2016) Titre : | [Dossier] Les métamorphoses de la société française | Type de document : | revue | Année de publication : | 2016 | Langues : | Français | Mots-clés : | démographie évolution société
| Résumé : | Le changement social est rarement spectaculaire. Il opère plus souvent par de légers déplacements, au quotidien, imperceptibles. Et ces microévolutions finissent par modifier notre société. La croissance démographique illustre par excellence ce fait : avec près de 10 millions de Français de plus depuis les années 1980, la population s’établit aujourd’hui à 66 millions d’habitants, indique l’Insee. En grignotant chaque année quelques centaines de milliers de personnes supplémentaires, surtout grâce à une natalité soutenue, le pays pèse démographiquement. Il fait même des envieux parmi nos voisins européens comme les Allemands qui ne bénéficient pas d’un tel dynamisme. L’espérance de vie augmente, bien que de manière moins rapide ces dernières années.
Les changements ne s’arrêtent pas à la démographie. Prenons le cas des institutions. Certaines sont confrontées à des défis inédits : l’université, l’un des derniers piliers du système éducatif touché par la massification, doit accueillir aujourd’hui une population qui a doublé par rapport aux années 1980 ; la justice doit traiter davantage de cas, mais en préservant le temps du débat pour estimer au plus juste la culpabilité des accusés.
Ces évolutions n’occultent pas la persistance de tendances de fond. Malgré des secteurs porteurs, l’économie est restée plombée par la dette publique, mais aussi par des lacunes sur le plan humain (maintien du chômage, difficultés d’insertion professionnelle des jeunes actifs, interruption des trajectoires professionnelles, reconversions). L’ascension sociale reste peu fréquente et limitée aux proches sphères ; les groupes sociaux qui constituent les élites cultivent l’entre-soi, tandis que d’autres comme les classes moyennes et populaires connaissent l’instabilité professionnelle et la marginalisation résidentielle dans les espaces périurbains.
Face à la précarité, le soutien de la famille, qu’il soit moral, matériel ou sous forme de services, reste plus que jamais nécessaire et aussi effectif ! Pourtant, les liens sociaux s’affaiblissent (entre collègues, entre citoyens, entre générations, entre amis). Les Français n’ont pas toujours le sentiment que leurs difficultés quotidiennes sont reconnues, tant par les médias que par les élites politiques ou même par leur employeur et par leurs proches.
Bref, la société française d’aujourd’hui affiche un bilan en demi-teinte, entre réels atouts et lacunes sociales non négligeables ; entre permanence des tendances structurelles et changements plus superficiels. Elle est à la croisée de différents chemins qu’exposent les articles rassemblés dans ce numéro : plusieurs itinéraires sont possibles. Il revient aux responsables politiques, mais aussi à chacun de nous d’en élire ou d’en barrer. À n’en pas douter, fédérer les Français autour d’un projet collectif sera l’un des enjeux majeurs que le pays devra relever rapidement s’il entend préserver son unité. |
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