[article] La mégalomanie délirante : une toute-puissance sur fond de vacuité existentielle [revue] / Nicolas Brémaud, Auteur . - 2017 . - p.57-64. Langues : Français in Information psychiatrique > vol.93 n°1 (janvier 2017) . - p.57-64 | Mots-clés : | délire
persécution
psychanalyse
psychose
thérapie psychanalytique
| | Résumé : | L’auteur s’intéresse ici à la mégalomanie délirante, peu étudiée dans le champ de la psychiatrie comme dans le champ de la psychanalyse. Le terme, forgé par H. Dagonet il y a de cela un siècle et demi, en 1862, est venu se substituer au délire ambitieux ou délire de grandeur. La mégalomanie fut constamment rapprochée et mise en perspective avec le délire de persécution (il était considéré par certains – Magnan notamment – comme une phase du délire chronique à évolution systématique, phase qui suivrait celle de la persécution), et avec la paranoïa de par son caractère, justement, de systématisation. Après avoir dressé un historique sur la question du point de vue de la psychiatrie (des classiques à H. Ey), nous verrons qu’avec l’avènement de la psychanalyse (K. Abraham, S. Freud), la mégalomanie s’est enrichie d’une théorisation, et a pu prendre sens. Le sujet psychotique retirerait sa libido du monde extérieur, laquelle réintègrerait le moi et s’y fixerait (agrandissement du moi, « je n’aime que moi », etc.). C’est pour Freud un « narcissisme secondaire ». Cette conception n’est peut-être pas aboutie, ou même satisfaisante en elle-même. D’un point de vue lacanien, et contrairement à l’évidence qui voudrait que ces sujets soient excessivement « narcissiques », l’on considèrera la mégalomanie comme la réponse délirante et nécessaire pour certains sujets persécutés qui, à défaut de narcissisme, et donc à défaut de moi, s’en forgent un tout-puissant, sorte de moi factice, délirant et grandiose, effort considérable pour être l’un, l’unique ou l’élu, exceptionnel, inattaquable, forme de forteresse dressée contre la volonté de jouissance de l’autre. La psychanalyse, ici, articule donc la question de la grandeur mégalomaniaque aux concepts de castration, d’objet viril, et du signifiant père, forclos, et compensé par l’incarnation réelle d’un père omniscient et tout-puissant. |
[article] in Information psychiatrique > vol.93 n°1 (janvier 2017) . - p.57-64 | Titre : | La mégalomanie délirante : une toute-puissance sur fond de vacuité existentielle | | Type de document : | revue | | Auteurs : | Nicolas Brémaud, Auteur | | Année de publication : | 2017 | | Article en page(s) : | p.57-64 | | Langues : | Français | | Mots-clés : | délire
persécution
psychanalyse
psychose
thérapie psychanalytique
| | Résumé : | L’auteur s’intéresse ici à la mégalomanie délirante, peu étudiée dans le champ de la psychiatrie comme dans le champ de la psychanalyse. Le terme, forgé par H. Dagonet il y a de cela un siècle et demi, en 1862, est venu se substituer au délire ambitieux ou délire de grandeur. La mégalomanie fut constamment rapprochée et mise en perspective avec le délire de persécution (il était considéré par certains – Magnan notamment – comme une phase du délire chronique à évolution systématique, phase qui suivrait celle de la persécution), et avec la paranoïa de par son caractère, justement, de systématisation. Après avoir dressé un historique sur la question du point de vue de la psychiatrie (des classiques à H. Ey), nous verrons qu’avec l’avènement de la psychanalyse (K. Abraham, S. Freud), la mégalomanie s’est enrichie d’une théorisation, et a pu prendre sens. Le sujet psychotique retirerait sa libido du monde extérieur, laquelle réintègrerait le moi et s’y fixerait (agrandissement du moi, « je n’aime que moi », etc.). C’est pour Freud un « narcissisme secondaire ». Cette conception n’est peut-être pas aboutie, ou même satisfaisante en elle-même. D’un point de vue lacanien, et contrairement à l’évidence qui voudrait que ces sujets soient excessivement « narcissiques », l’on considèrera la mégalomanie comme la réponse délirante et nécessaire pour certains sujets persécutés qui, à défaut de narcissisme, et donc à défaut de moi, s’en forgent un tout-puissant, sorte de moi factice, délirant et grandiose, effort considérable pour être l’un, l’unique ou l’élu, exceptionnel, inattaquable, forme de forteresse dressée contre la volonté de jouissance de l’autre. La psychanalyse, ici, articule donc la question de la grandeur mégalomaniaque aux concepts de castration, d’objet viril, et du signifiant père, forclos, et compensé par l’incarnation réelle d’un père omniscient et tout-puissant. |
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